Au sommet de l’état religieux, se trouve la cléricature. Elle est moins un état de vie à part entière, qu’une série de fonctions ministérielles de droit divin, hiérarchisées entre elles, par lesquelles l’Unique Pasteur, N.-S. J.-C. régit son troupeau : « Car vous étiez comme des brebis errantes, mais maintenant vous êtes revenus à celui qui est le pasteur et l’évêque de vos âmes. » (I Pi. II, 25)
Pour qu’un Prêtre soit respecté par les fidèles, il faut que lui-même soit soumis à un Pasteur légitime de l’Eglise. La Concorde augustinienne et sacerdotale n’entend donc pas former des Prêtres gyrovagues, mais catholiques. De plus, les Prêtres de la Concorde sont avant tout des Religieux. De nos jours, la condition des Prêtres séculiers est devenue quasiment intenable, étant donné le danger extrême que représente une profession qui vient se surimposer à la mission sacerdotale. Pour éviter que les Prêtres aient à se trouver dans la nécessité de subvenir à leurs besoins par des moyens profanes, la Concorde n’ordonne que des Religieux. Elle ne comporte par conséquent aucun prêtre séculier.
La concorde qui existe entre le haut et le bas Clergé garantit l’harmonie dans le peuple du « Dieu qui est Charité » (I Jn IV, 8) : « C’est en lui que tout le corps, coordonné et uni par les liens des membres qui se prêtent un mutuel secours et dont chacun opère selon sa mesure d’activité, grandit et se perfectionne dans la charité. » (Eph. IV, 16)
Certains auteurs ecclésiastiques, au XIXème siècle, avaient proposé une focalisation du cursus des études sur la réfutation des erreurs du temps, le domptement des sciences modernes pour les mettre au service de la foi, ainsi que l’intégration de la notion de développement du dogme. Le XXème siècle a donné la mesure des résultats de ce progrès, surtout après que Maritain – le bon et le mauvais ! – ait entériné la destruction de ce qui restait de mentalité catholique en faisant la promotion d’un néo-thomisme cheval de Troie de tous les changements.
La Concorde augustinienne et sacerdotale dispense une formation théologique à ses futurs Prêtres dans le cadre d’un scolasticat interne. Les Religieux pressentis pour le sacerdoce, après avoir été éprouvés dans l’état de Frères lais, sont admis aux études cléricales, dont la durée est d’environ cinq années, sous réserve de l’appréciation des Professeurs présidés par l’Evêque. Le cursus théologique peut s’étendre sur un temps plus long, selon les aptitudes des candidats, et la décision des Professeurs. La promotion à la tonsure et aux Ordres mineurs et majeurs sont fonction d’une appréciation globale du candidat par l’Evêque, qui tient en compte l’acquisition de la science nécessaire, mais aussi la convenance morale, ainsi que de son bon comportement dans la Maison à laquelle il appartient.
Le plan général des études suit la méthode en vigueur avant l’installation de la Modernité, telle qu’elle est décrite par les Auteurs ecclésiastiques des XVIIème et XVIIIème siècles. La Concorde augustinienne et sacerdotale ne doute pas que suivre les anciennes méthodes conduit à façonner des Prêtres étrangers à la forma mentis moderne, donc aptes à guider les fidèles dans les « anciens sentiers » (Jér. VI, 16), tout en s’y maintenant eux-mêmes. Elle prend délibérément le parti de considérer les problématiques de la Modernité commençante comme dépassées et hors de propos. Le contexte de la post-modernité n’est plus celui du prestige de la vieille critique et des sciences nouvelles : l’intégration par tous des principes de la critique a fait de cette pensée d’avant-garde un lieu commun, qu’il s’agit désormais de traiter avec le mépris qui lui convient. Ces vieux miroirs aux alouettes sont dépassés ; seule demeure intacte la vérité, et la manière dont nos Anciens l’abordaient dans les diverses branches de la Science Sacrée. La façon d’appréhender la vérité détermine une forma mentis qui en conditionne l’application. Aussi, sans ignorer absolument les problématiques du modernisme et du criticisme (puisque le Serment anti-moderniste exige une bonne connaissance du problème), la Concorde met néanmoins l’accent sur la dispensation aux Clercs d’un enseignement qui n’abandonne aucune de ses parties à la fantaisie apologétique des temps modernes, et encore moins aux officines laïques qui prétendent dicter aux Clercs le contenu et les bornes de la Science Sacrée qui est la leur par état et par droit.
Si la science est une nécessité pour le Clergé, sans la charité, qui édifie, elle ne fait qu’enfler vainement (I Cor. VIII, 1). L’accent est donc mis sur les vertus cléricales, qui peuvent se résumer, d’une part, à l’obéissance au Christ dans la personne des Supérieurs, et d’autre part, l’imitation de Jésus-Christ dans la vie de service de l’Eglise. L’amour de l’Eglise une, sainte, catholique, apostolique et romaine, dans son Chef, son Collège apostolique et ses membres, est la manifestation la plus pure de l’amour du prochain, pour ce qui regarde l’état clérical.
Au sein de la Concorde augustinienne et sacerdotale, le jeune Clergé apprend à aimer le peuple de Dieu comme le Bon Pasteur aime son troupeau et le chérit.
La sainte Liturgie est la source de notre foi, selon l’adage : Lex orandi, lex credendi, « ce que l’on doit croire vient de ce que l’on doit prier ». Un soin particulier est apporté à la formation liturgique des futurs ordinands. Toutefois, le caractère religieux de la Concorde augustinienne et sacerdotale tend à favoriser la sobriété et la simplicité catholiques, dans un monde où la liturgie traditionnelle (ou ce qui en tient lieu) n’est plus goûtée que pour des raisons d’esthétisme et de snobisme mondains. La liturgie, qui est au centre de la vie chrétienne, n’est pas un moment où les sens sont flattés, mais où l’âme s’élève vers Dieu, afin de s’appliquer à vivre à la gloire de Dieu aussitôt que retentissent les mots du renvoi des fidèles : Ite, missa est.
L’Evêque et Supérieur de la Concorde n’entend pas démultiplier les Prêtres, accédant aux desiderata de tous ceux qui estiment « avoir la vocation » : l’imposition des mains se fait sans précipitation (I Tim. V, 22), mais en fonction des besoins pastoraux de la Communauté. Les Prêtres, répétons-le, sont avant tout des Religieux, dont l’esprit, formés par les trois Vœux, sera essentiellement préoccupé du bien commun, du service de l’Eglise en général par l’accomplissement du ministère particulier qui leur sera confié.
Selon les besoins, les Prêtres-religieux pourront être envoyés comme missionnaires par l’Evêque, afin de prêcher la parole de Dieu, et d’œuvrer dans la moisson du Seigneur (S. Mth. IX, 37) comme des ouvriers fidèles. Aussi, tout en se faisant « tout à tous » (I Cor. IX, 22) en vue du salut de tous, les Prêtres de la Concorde augustinienne et sacerdotale ont pour mission d’être les témoins de l’invariabilité du Seigneur Sabaoth, qui déclare : « Moi, le Seigneur, je ne change pas » (Mal. III, 6).
La Concorde augustinienne et sacerdotale attend des candidats qu’ils professent la foi catholique dans toute son orthodoxie, sans mélange d’innovations, ou d’opinions particulières, et bien entendu d’hérésies. Alors même qu’elle encourage la piété privée, la Concorde considère que de nombreuses formes de dévotions entraînent un affaiblissement ou un gauchissement du primat de l’amour de Dieu. Aussi, les futurs Religieux et Prêtres sont-ils priés de laisser leurs opinions particulières en la matière dans le monde qu’ils sont résolus à quitter. Il sera requis de tous les candidats qu’ils embrassent les us et coutumes de la Concorde, son amour de l’Eglise catholique et du Siège Apostolique, comme ses spécificités spirituelles et structurelles.
Il est à noter que l’usurpation des fonctions cléricales constitue a priori une disqualification pour l’entrée dans la carrière cléricale, conformément au Can. 985 § 7, et particulièrement celle de l’enseignement. La Concorde augustinienne et sacerdotale est particulièrement attentive à ce point.
La liturgie de l’Ordination comporte un merveilleux répons, composé des paroles de N.-S. J.-C. disant à ses Disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais mes amis » (S. Jn XV, 15), qui vient en guise de conclusion de la cérémonie qui confère à un homme le pouvoir d’agir in Persona Christi. Cette amitié avec le Verbe éternel de Dieu est un privilège suprême, apparenté à « l’unique nécessaire » (S. Lc X, 42) que nul ne peut ravir au Prêtre, ou usurper.
Gardien et dispensateur de la Science Sacrée, le Prêtre uni à son Evêque est celui qui guide les âmes vers l’amitié avec Dieu, qui est la fin de la charité ou le Ciel. Il n’y a pas d’ami du Christ, le Roi des rois (I Tim. VI, 15), sans insertion dans l’ordre ecclésial, qui est l’ordre des choses, l’ordre du monde tel que Dieu l’a créé pour Lui-même.