Les Laïcs agrégés

L’état laïc possède un sacrement qui lui est propre : celui du mariage. La généralisation du phénomène du célibat parmi les jeunes convertis est le symptôme d’une asociabilité grandissante, résultant du mode même de la conversion : on se convertit pour défendre l’Eglise ; or, pour ce faire, on usurpe les fonctions cléricales d’enseignement, structurant ainsi sa vie d’une façon fautive, cause d’une multitude de dysfonctionnements et de perturbations psychiques.

N.-S. Jésus-Christ déclare : « Celui qui vous écoute, m’écoute, et celui qui vous rejette, me rejette ; or, celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé » (S. Lc X, 16), entendant par-là que la parole du Prêtre doit non seulement être écoutée, mais encore que le laïc – moderne – doit vaincre la tentation du mépris et du rejet de cette parole. La raison en est simple : elle est la seule autorisée ; la parole du laïc usurpant le pouvoir d’enseigner sur les matières sacrées n’est ni celle du Christ, et encore moins celle de son Père : elle est celle d’un homme que Dieu n’a pas envoyé.

Seules les paroles de l’Eglise, véhiculées, transmises, communiquées par le Prêtre sont constructives, tant pour l’âme que pour la société.

Fides ex auditu. Mépriser la parole du Prêtre, qui enseigne la Loi, c’est rejeter la parole même du Fils de Dieu. Or, « quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un insensé, qui a bâti sa maison sur le sable : la pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison, et elle est tombée, et grande a été sa chute. » (S. Mth. VII, 26-7)

S’il n’y a pas une vocation au laïcat à strictement parler, le laïc a, de par son baptême, la vocation à la vie éternelle, ce qui est fondamental. « C’est pourquoi, mes frères, dit S. Paul, appliquez-vous d’autant plus à assurer par vos bonnes œuvres votre vocation et votre élection ; car, en agissant ainsi, vous ne ferez jamais de faux pas » (II Pi. I, 10). Le laïc ne peut se sanctifier que dans la mesure où il demeure dans son état. Toute exhortation à en sortir pour se faire le défenseur ex professo d’une Eglise désormais réduite à une « cause », n’est pas traditionnelle, ne vient pas de l’Esprit de Dieu. Ce n’est pas l’enseignement de nos Pères.

Tout chrétien est appelé à l’amour de Dieu : le laïc comme les autres. Or, nul ne peut aimer Dieu, s’il sort des bornes de l’état où l’a placé la Providence.

La Concorde augustinienne et sacerdotale entend encourager les laïcs à se tenir dans leur rang. C’est ainsi que les Pasteurs pourront accomplir leur rôle, qui est de se dévouer entièrement aux Brebis du Seigneur. S’il y a, hélas, des pasteurs indignes, qui dévorent les brebis (Ez. XXXIV, 3), il existe aussi un grand nombre de ces dernières qui errent, dispersées sur les montagnes de leur orgueil, chacune suivant sa propre voie (Is. LIII, 6), sa façon à elle de militer… C’est pourquoi la Concorde augustinienne et sacerdotale intègre la réprobation du militantisme telle que le concile provincial de Paris (1849, tit. III, cap. XI) et de Rennes (1849, decr. XXIII) et bien d’autres autorités l’ont formulée.

La détresse des laïcs, les maux intérieurs de toutes sortes qui rongent les individus ; les graves distorsions qui déchirent les familles, qui divisent les époux ; l’impuissance chronique, qui rend les parents incapables de transmettre la foi, malgré les efforts déployés ; tout cela n’est pas l’œuvre des ennemis de l’Eglise : c’est les fruits de l’intérêt maladif pris pour l’illusoire « cause », alibi permanent (et, hélas, déjà ancien) de la passion, de la volonté propre et du désordre. Ceux qui ont excité les brebis à s’arroger la mission des Pasteurs les ont dispersées, ils les ont chassées, ils n’en ont pas pris soin (Jér. XXIII, 2). Seuls peuvent amasser avec le Christ ceux qui ont reçu la mission pour cela, c’est-à-dire les Clercs ; agir autrement, c’est disperser (S. Mth XII, 30).

Si les Religieux et les Clercs relève d’états de vie sensiblement différents de celui des laïcs, il n’en demeure pas moins que tous font également partie du Corps mystique du Christ : « Il n’y a qu’un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés par votre vocation à une même espérance. Il n’y a qu’un Seigneur, une foi, un baptême, un Dieu, Père de tous, qui est au-dessus de tous, qui agit par tous et qui est en tous. » (Eph. IV, 4)

Le cadre général dans lequel s’inscrivent tous les états de vie chrétienne est celui de l’Alliance nouvelle de Dieu avec le peuple que le Christ s’est racheté par son Précieux Sang (S. Lc XXII, 20), renouvellement de la première Alliance qu’il avait faite avec Abraham, avant la venue du Messie. Aussi, s’adressant à nos Pères, Dieu déclare par Moïse : « Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu et vous serez mon peuple » (Lév. XXVI, 12), et par S. Paul : « Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier pour lui-même un peuple qui lui appartienne, tout appliqué aux bonnes œuvres. » (Tite II, 14)

Celui qui n’est pas baptisé est « sans Christ, en dehors de la société d’Israël, étranger aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, dit l’apôtre, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous êtes rapprochés par le Sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un. » (Eph. II, 12-14) Les chrétiens, investis de la « dignité israëlitique » (oraison de la 4ème Prophétie de la Vigile pascale), forment « l’Israël de Dieu » sur lequel reposent sa paix et sa miséricorde (Gal. VI, 16) : ils ne sont plus en aucun cas des Gentils, des païens. Le premier pape et modèle de tous les autres, S. Pierre, exhorte les chrétiens à mener une vie sainte parmi les Gentils, de sorte qu’ « ils arrivent, en y regardant bien, à glorifier Dieu pour [leurs] bonnes œuvres au jour de sa visite. » (I Pi. II, 12)

Avec l’aide de Dieu, dont ils tiennent leur mission, et en union avec tous les clercs « qui font profession de la vraie foi, catholique et apostolique » (Canon de la Ste Messe), l’Evêque et les Prêtres de la Concorde augustinienne et sacerdotale entendent continuer à œuvrer « pour l’édification du Corps du Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur astuce pour induire en erreur ; mais que, confessant la vérité, nous continuions à croître à tous égards dans la charité en union avec celui qui est le Chef, le Christ. » (Eph. IV, 12-15)

S’adressant aux laïcs, la Concorde augustinienne et sacerdotale les exhorte à sortir de Babylone : « Sortez du milieu d’elle, ô mon peuple, et que chacun de vous sauve sa vie, devant l’ardente colère du Seigneur » (Jér. LI, 45), pour vivre une vie ordonnée, simple et pieuse – celle-là même qu’enseignaient nos Pères, avant le déferlement des innovations. Selon l’enseignement de N. S. P. Augustin, comme l’être humain est de nature sociable, plus nous aimons nos frères, plus nous travaillons à les secourir dans leurs besoins, plus nous témoignons à Dieu que nous l’aimons, et plus nous nous unissons étroitement à lui (De doctr. christ., I, 22).

La restauration de la discipline de l’état laïc est une nécessité absolue. La Concorde augustinienne et sacerdotale souligne que, loin de viser une utopie, elle est le seul moyen de faire cesser le délitement du peuple catholique, qui semble n’avoir plus comme caractéristique que celle d’avoir répudié la charité comme notion typiquement libérale – perdant ainsi son droit à se dire chrétien.

 

Les laïcs désireux de se sanctifier conformément à la doctrine de l’Eglise, et sans sortir de la voie de nos Pères, peuvent être agrégés à la Concorde augustinienne et sacerdotale, à titre de Confrères. Ils y trouveront le suivi et les enseignements nécessaires à leur sanctification, loin de l’agitation stérile et présomptueuse de la militance.